1ère partie : Bienevenue à Etosha.
Après avoir gouté à la saveur des voyages par une expérience unique et intense dans le Rif marocain, au cours de laquelle j’ai été soigné d’une grave chute et d’une infection intestinale en étant traité avec du CHANVRE CANNABIS, j’ai décidé de retour à Paris (ville qui me paraissait désormais on va dire moins colorée), de repartir dès que possible sur la route. Je ne raconterai pas ici cette période de six mois dans un pub parisien en tant que serveur car je doute de son interêt, sauf si vous aimez les récits festifs et les chroniques de nos petites vies au milieu de cette grande capitale, un lieu merveilleux pour tous les étrangers, mais devenu le décor d’un quotidien par trop répétitif pour moi.
J’avais commencé à étudier les destinations suceptibles d’aiguiser mon appétit de routard, quand je rencontrai dans mon pub un ranger namibien en vacances à Paris. C’était un blondinet aux cheveux longs qui ressemblait à l’exact contraire de l’image que je me faisais alors d’un africain, une sorte de copie du héros de bande-dessinée « Rahan ». Pourtant, c’était un dur à cuire, passionné de nature et amoureux de son pays. Il m’a évoqué avec passion le plus vieux désert de l’humanité, les dunes rouges qui bordent l’Atlantique, les safaris nocturnes et surtout cette sensation de liberté et d’espace qu’on ne trouve nulle part ailleurs sur la Terre. Il était arrivé en Namibie peu après sa naissance et le décès de sa mère. Son père avait choisi la nouveauté de ce pays aux dimensions infinies pour prendre un nouveau départ. Élevé en pleine nature au milieu d’animaux sauvages, il était naturellement devenu ranger dans le parc national d’Etosha.
Je m’étais non seulement fait un nouvel ami lors de cette rencontre mais surtout, je tenais enfin ma prochaine destination.
Un mois plus tard, un jour d’avril pluvieux, je quittais mon environnement sécurisé d’occidental pour un vol de plus de vingt heures à travers l’Afrique, aterrissage à Windhoek, la capitale.
Le vol s’était bien passé, même si j’ai toujours évité ce moyen de transport pour sa consommation délirante de carburant et que je savais depuis longtemps qu’un billet Paris New York aller-retour grillait l’équivalent de votre consommation annuelle d’énergie pour vous chauffer !
Mais cela n’empêche pas d’admirer le paysage, particulièrement lorsque vous avez le bonheur de survoler deux continents et deux mers. Seulement, mon regard était plutôt accaparé par la présence d’une passagère assise à coté de moi.Elle était montée lors de l’escale d’Amsterdam. Je suis plutôt timide avec les filles et celle-ci avait tout pour me mettre mal à l’aise : elle était d’une beauté et d’une finesse rares, blonde comme une scandinave mais surtout, elle ne m’adressa ni parole ni regard durant ce trajet qui durait presque une journée.
Abandonnant mes pensées vagabondes à l’arrivée à l’aéroport Hosea Kutako, j’eu le plaisir de trouver Cédric (mon ranger) au volant d’un minibus prêt à emmener une douzaine de touristes dans un camp safari lodge sur le parc d’Etosha.Quelle joie d’être accueilli de la sorte par ce sauvage blanc qui commençait à détailler les milliards de choses que nous allions voir au cours de ce séjour. Pendant qu’il me parlait de son bel enthousiasme tout en conduisant (les routes en Namibie sont planes et propres comme du marbre neuf), je vis qu’il s’adressait à d’autres interlocuteurs dont ma foi une personne que je reconnus avec un tressaillement du cœur. C’était ma voisine de cabine, la distante et sublime fille du nord.
Comme elle n’avait pas l’air de laisser Cédric indifférent, celui-ci la questionna longuement, lors des quatre heures que durèrent notre trajet. Nous apprîmes qu’elle se nommait haley, était citoyenne anglaise et qu’elle venait retrouver sa famille pour l’anniversaire de mariage de ses parents qui avaient également invités sa sœur à se joindre à eux. Haley n’avait pu se libérer à temps et arrivait avec deux jours de retard. Elle ne se révéla pas désagréable mais plutôt préoccupée et fatiguée.
Les premières barrières de la communication passées elle se révéla ouverte d’esprit et pleine d’humour J’avais encore été victime de mes préjugés qui disaient qu’une femme belle est forcément inaccessible.
Arrivés au camp safari Lodge du parc d’Etosha, nous fûmes accueillis par des chants et des danses bushmen, puis on nous mena à nos tentes lodge, habitations faites avec des pignons en bois mais tendues par de la toile, ce qui leur confère le charme du camping en intimité avec la nature, ainsi que le confort d’une chambre d’hôtel de luxe avec balnéo, ventilation et une literie de grand standing.
Le soir arrivé, je fus invité après quelques parties de billard au restaurant pub du campement à me joindre à quelques amis que Cédric m’avait présentés dans la tente d’un ranger nommé Jonas, un namibien pur jus qui passait son temps à rire de tout, ne prenant jamais rien au sérieux. Ce fut une java comme j’en avais connues peu dans ma courte vie. On dansait, on vidait des windhoek lager (la bière locale) et ça fumait l’herbe africaine qui poussait dans la région. Là encore, je pus constater que le cannabis était consommé de manière festive, sans que personne ne se doutât des propriétés merveilleuses de cette plante en dehors de ses capacités psychoactives.
Cédric me prît à part pour me dire qu’il m’avait réservé une surprise.
Et je vis en effet arriver à cette fête de rangers, d’animateurs et d’employé-e-s du camp, vêtue d’une robe traditionnelle bleue à motifs floraux, la sublime Haley, qui rattrapa le temps perdu en vidant quelques bières. Puis la soirée prît une tournure plus intimiste et on se mît à se raconter nos vie autour d’une table basse. Il y avait Jonas qui nous narrait la vie de ranger, ce microcosme de travailleurs dévolus aux touristes qui viennent et repartent après quelques jours de depaysement total alors qu’eux-mêmes restent et vivent à l’année sur place.
Les amours qui passent et les amitiés qui parfois restent. Cédric lui, était intarissable à propos de la vie animale, le comportement des vieux éléphant du desert (ceux de Namibie étant les derniers de cette espèce) qui pouvaient écraser une jeep lors d’une grosse colère, les léopards mytérieux et plus dangereux qu’aucun fauve, les guépards qui s’attachent à l’homme et ce désert, si aride que l’on aurait peine à imaginer que la vie y fût possible, une vie luxuriante, un écosytème incroyable à préserver absolument.
Lorsque Cédric proposa à Haley de fumer de l’herbe, celle-ci demanda si cela pouvait l’aider à dormir et Cédric lui répondit « ça dépend, moi ça me détend mais je pourrais rester éveillé toute la nuit, toi essaie et vois ».
J’en profitai pour lui demander si elle avait de réels soucis pour dormir et depuis quand. Elle parût gènée par ma question, puis repartit dans sa tente quelques minutes après.
À la fin de la soirée, je demandai à Cédric si j’avais dit une bétise, ou commis une maladresse.
Il me répondit que la Namibie était un lieu magique ou l’on pouvait s’abandonner et libérer ses peurs et ses frustrations, que Haley devait s’initier à l’Afrique, accepter de lacher prise.
Il me proposa de faire un safari de nuit le lendemain et d’y convier la demoiselle qui faisait tant battre mon cœur, cette anglaise à propos de laquelle j’avais encore beaucoup à apprendre. Mais quel meilleur endroit que la Namibie pour se trouver soi-même ?