Le Rif marocain

Début de la randonnée dans le Rif marocain, premières rencontre et premiers problèmes.

Je me réveille dans un petit village des contreforts du Rif.Nadia s’engueule avec David, ils ont leur rituel, elle négocie avec Abdu pour qu’il nous emmène au point de randonnée à Darakobae, un petit village situé avant Tetouan en direction de Chefchaouen. Pour ma part, je sympathise avec un groupe de jeunes belges, ouverts d’esprits, étudiants en sciences humaines et un peu neo baba cool. Ils finissent par m’instruire sur ce que représente le Rif. C’est tout simplement la Mecque du Cannabis, la plus grande surface agricole de production dédiée, le meilleur haschich du monde et le plus grand trip à faire lorsque l’on aime les plaisirs récréatifs. Tout le monde fume autour de nous, les maisons sentent le cannabis, les gens l’exhalent comme un parfum local de tous les pores de leur peau. Tout cela mâtiné d’une sorte de culture du secret…De polichinelle. David, Nadia et moi sommes surtout intéressés par ces paysages hors du commun, ou le cèdre voisine avec les chênes verts et les pins, ou la terre de met à rougir lorsque la végétation s’appauvrit, nous sommes baladés sur une ligne de crête entre les pentes méditerranéennes qui annoncent la grande bleue et les bois rugueux et froids qui montent vers les sommets, à l’intérieur de ce pays mystérieux. Le tourisme du cannabis n’y change rien .La magie opère et même si la population paraît parfois lasse de cette quête qui se répète sous leurs yeux, nous avons affaire à un peuple de paysans qui possèdent un sens de l’accueil millénaire. Nous faisons nos adieux à Abdou qui retourne chez sa mère à Tanger et partons sacs aux dos sur les chemins de randonnée que nous sommes autorisés à emprunter. Dès le deuxième jour en début de soirée, je me sens un peu barbouillé. Le groupe des belges qui marchent avec nous compte parmi eux une infirmière qui me donne du smecta. Tous me demandent si j’ai bu l’eau des torrents et en effet, j’ai bu à pleines lampées cette eau fraîche de montagne. Mais on me dit que celle-ci peut être souillée par le bétail et il est courant qu’une bactérie s’y glisse. Comme il arrive souvent lorsque l’on parcourt les routes du monde. Mais voilà, ceci est mon premier voyage et je sens bien que l’on me regarde comme le petit bleu en cours d’initiation. Alors on se couche avec l’idée que cela va passer. Mais au petit matin, ce petit barbouillement intestinal s’est mué en spasmes réguliers. Je pense avoir de la fièvre. Ce sera un petit déjeuner avec deux dolipranes. On repart sur les chemins, le ciel se brouille mais on veut parvenir à l’auberge qui jalonne notre parcours. J’ai dû trop présager de mes forces vu mon état de fatigue à la fin de notre périple vers les contreforts d’un petit village d’agriculteur. Mais il reste à descendre dans une vallée afin de rejoindre un autre versant à remonter. C’est un pierrier qui nous attend. Alors que Nadia m’encourage, que je tente de lui dire que je ne me sens vraiment pas bien, PATATRAS !!! je perds l’équilibre en glissant sur une motte de terre. Je tente de m’accrocher aux maigres racines mais parviens à peine à freiner une chute d’une quarantaine de mètres. Par une chance que je ne m’explique pas aujourd’hui, ma tête n’a pas heurté de cailloux et je suis récupéré en bas par mes camarades. Ils me porteront jusqu’à l’auberge du Keftan. Et nous y dressons un diagnostic de mon état : pas fameux. Je suis un fétu de paille roulé aux quatre vents, contusionné et souffrant d’une infection intestinale. L’infirmière qui se nomme Mélinda n’est pas certaine mais j’ai plusieurs côtes cassées, quelques œdèmes et le dos en marmelade. Est-ce que ce merveilleux périple qui avait si bien commencé est terminé pour moi ? Je commence à imaginer l’hélicoptère qui me ramène à l’aéroport puis l’avion-retour en brancard vers la France, sans panache et sans gloire. Mais ce pays me réservait encore quelques surprises

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